Virtual Nature

Angélina Nwachukwu, 2014

Évasion

Angélina Nwachukwu, 2016

Maah Khoudia

Angélina Nwachukwu, 2016

Night Bird

Angélina Nwachukwu, 2014

Virtual Nature

Angélina Nwachukwu, 2014

Belle d'ange

Angélina Nwachukwu, 2016

Belle d'ange

Angélina Nwachukwu, 2016

Belle ailleurs

Angélina Nwachukwu, 2016

Amore

Angélina Nwachukwu, 2014

De la nature au monde virtuel

Interview avec Angélina Nwachukwu à Dakar, 2014

La nature ne viendra jamais vous demander de vous lever et de partir. Elle vous laisse là où vous êtes et elle accepte tout ce qui vient.

Ce qui m’intéresse dans la photographie virtuelle, c’est d’immortaliser un moment qui n’existe pas.

LA NATURE, C’EST UN LIEU QUI ME PERMET DE M’EVADER, D’OUBLIER L’EXISTENCE HUMAINE.

PHOTOGRAPHIER LE PAYSAGE

Q Vous avez réalisé des portraits, mais vous vous intéressez aussi à la nature. Pourriez-vous nous parler de vos photographies de paysage ?
AN Je suis partie un jour faire de la randonnée. C’était un moment étrange, où je ne me sentais pas prête pour aller marcher, mais je me suis dit, finalement, que partir me permettrait de me détendre et d’oublier mes soucis. Quand je suis arrivée, j’ai découvert un endroit que je ne connaissais pas du tout, que j’ai trouvé nouveau, que j’ai trouvé très beau. Cela m’a permis d’avoir à nouveau une relation avec la nature, la verdure et les animaux. Ces photographies n’ont donc pas été préparées. Elles ont été prises sur le tas.
Q Avez-vous envisagé de retourner sur les lieux pour refaire des images, préciser ou modifier des choses ?
AN Si jamais j’avais à refaire des photographies, j’irais à une heure où le médecin m’a interdit d’aller sous le soleil. J’irais dans ces heures-ci, parce que les ombres sont moins dures. Si je devais le refaire, je retravaillerais davantage les portes et tout ce qui est architectural, les murs, les masques, les objets, mais je ne pense pas que je retravaillerais les animaux.
Q Est-ce que le paysage a joué un rôle important dans votre formation ?
AN Pas du tout. J’ai été peu en contact avec la nature pendant mes études. J’ai appris surtout à photographier des spectacles, dans un contexte de lumière artificielle, avec des jeux de lumière. C’est paradoxalement en France, dans le cadre d’un workshop à Montbéliard où j’ai fait de la photographie en studio, que j’ai commencé à réfléchir au paysage. A côté du temps de formation, je me suis promenée dans les environs et c’est là que j’ai commencé à développer un travail en rapport avec la nature. J’ai malheureusement perdu ces premières photographies. Aujourd’hui disparues, ces images de nature m’ont pourtant permis de continuer. En un sens, elles existent toujours.
Q Est-ce qu’il y a une grande différence entre les forêts de Montbéliard et les forêts d’ici au Sénégal ?
AN Oui, il y a une grande différence. Les forêts de Franche-Comté sont très vertes et couvertes d’ombres. Parfois, il n’y a presque pas de lumière qui passe, c’est très sombre. Les arbres s’apparentent un peu à un barrage entre deux choses : le sol et le ciel. Ici, au Sénégal, il y a tellement d’espace. Et les arbres sont tout petits. La lumière passe partout, elle est très intense.

UN MONDE VIRTUEL

AN Avec la photographie virtuelle, on a la possibilité de régler la lumière. De rendre le monde un peu plus violet, un peu plus rouge, un plus jaune. On rencontre à l’intérieur de ce monde virtuel des avatars que l’on ne connaît pas et l’on circule dans ce monde. Ce qui m’intéresse dans la photographie virtuelle, c’est d’immortaliser un moment qui n’existe pas du tout. Un monde dans lequel même-moi n’existe pas.
Q Y a-t-il un rapport d’après vous entre monde virtuel et paysage ?
AN Oui, il y a un rapport au sens où l’on crée dans le monde virtuel une nature. Chacun de nous peut aujourd’hui décider de créer la nature comme il l’entend. De développer son environnement, sa lumière et de choisir les couleurs qui vont l’exprimer. Une nature virtuelle. Quand je pense un paysage virtuel, je pars vraiment de rien. Ce qui m’intéresse, c’est le caractère abstrait du point de départ. Il n’y a pas de modèle, comme lorsque l’on photographie le monde réel. Même si souvent j’intègre dans le monde virtuel des photographies issues du monde réel, ce qui reste le plus important, c’est la liberté d’invention. Mais je dois encore préciser et développer cette idée, j’en saurais peut-être plus au fil du temps.

UN LANGAGE UNIVERSEL

Q Quel est le lien de votre travail avec la société ?
AN Pour le moment, aucun. Si je fais de la photographie, c’est d’abord par passion. C’est d’abord pour moi et aussi pour les personnes qui pensent que la photographie a quelque chose à dire. Ce qui compte bien sûr, ce n’est pas ce que je fais, mais ce qui figure dans mes images. Beaucoup d’amis me disent par exemple qu’ils se retrouvent dans mes photographies. Certains me disent : « Ah j’aime bien, je suis resté des heures à regarder cette image, ça m’a permis de penser à autre chose, je stresse moins ». C’est d’abord pour cela que je fais de la photographie. Le jour où le lien de mes photographies avec la société me semblera plus évident, alors ce sera pour moi plus plus facile de travailler dans ce sens-là. Mais pour le moment, c’est une activité qui reste plutôt individuelle.
Q A quelle sorte d’audience pensez-vous, pour vos photographies ? Ce sont plutôt les jeunes ? Les Européens, les Sénégalais ?
AN Je ne fais aucune distinction. Le public visé, c’est tout le monde. Si une personne n’aime pas, c’est comme ça. On ne force jamais les choses. Ce sont tous les âges, toutes les cultures. Ce n’est pas une question que je me pose.
Q Et internet, est-ce que c’est un moyen d’échanger, de diffuser ses images ?
AN Oui c’est un moyen d’échange. C’est un moyen de se faire connaître. Je pense que c’est par internet que vous avez d’abord vu mes images ? C’est un moyen de communication puissant.
Q Et la photographie, est-elle aussi un moyen de communication ?
AN Ça, c’est sûr. On dit que la musique est une langue internationale. La photographie est aussi un langage universel. Je peux prendre une photographie, n’importe où dans le monde, vous lirez l’image à votre façon. Je ne dirais pas : « cette photo signifie que… » Non, vous-même décidez de la signification de cette image. C’est un moyen de communication extraordinaire, avec un rapport ouvert à la signification pourtant. Plus qu’une production de messages, c’est un moyen de détruire les frontières.

Interview réalisée à Dakar, Sicap Amitié 3, Casa Mara Guest House, 18. 06. 2014
Par Marion Jäger, Alicia Hernandez-Westpfahl, Marie-Louise Mayer

Porte

Angélina Nwachukwu, 2014

Méditation

Angélina Nwachukwu, 2014

Masque

Angélina Nwachukwu, 2014

La vie immobile

Angélina Nwachukwu, 2014

La vie en déplacement

Angélina Nwachukwu, 2014

La vie en liberté

Angélina Nwachukwu, 2014

Chemin

Angélina Nwachukwu, 2014

Chemin

Angélina Nwachukwu, 2014

La vie de la mort

Angélina Nwachukwu, 2014

Angélina Nwachukwu

photographe

vit et travaille à Dakar,
Sénégal

*1990

biographie