Tata Konaté et ses enfants

Emmanuel Bakary Daou, juillet 2016

Les frères Konaté

Emmanuel Bakary Daou, juillet 2016

Les frères Konaté

Emmanuel Bakary Daou, juillet 2016

Le poulet du fétiche

Emmanuel Bakary Daou, juillet 2016

Le patriache de Sensara

Emmanuel Bakary Daou, juillet 2016

La case au fétiche

Emmanuel Bakary Daou, juillet 2016

Kotigui et Fatoma dans la case au fétiche

Emmanuel Bakary Daou, juillet 2016

Fatoma le géomacien

Emmanuel Bakary Daou, juillet 2016

Il faut instaurer une bonne entente si l’on veut faire de bonnes images, savoir communiquer. J’explique toujours ma démarche aux gens que je photographie.

La photographie est un moyen de communication, un moyen de diffuser des messages, et surtout, un témoin concret du temps.

Les Rencontres africaines de la photographie de Bamako sont venues nous dire qu’il y a autre chose que la photographie de portrait.

On voit rarement à Bamako des enfants autour d’une vieille personne qui raconte un conte par exemple. Il est important que les enfants sachent ce que nos parents ont vécu.

J’UTILISE LES SIGNES POUR PARLER DE NOS RACINES, DE NOTRE IDENTITE.

Série « Forgeron »

Emmanuel Bakary Daou, 2012-2014

Série « Forgeron »

Emmanuel Bakary Daou, 2012-2014

Série « Forgeron »

Emmanuel Bakary Daou, 2012-2014

Série « Forgeron »

Emmanuel Bakary Daou, 2012-2014

Série « Forgeron »

Emmanuel Bakary Daou, 2012-2014

Série « Forgeron »

Emmanuel Bakary Daou, 2012-2014

Série « Forgeron »

Emmanuel Bakary Daou, 2012-2014

L'espoir

Série « Signes des Anciens »
Emmanuel Bakary Daou, 2006

Fer d'amour

Série « Signes des Anciens »
Emmanuel Bakary Daou, 2006

SYMBOLES, RACINES, IDENTITE

Q Pourquoi avoir recours aux signes et aux symboles dans votre photographie ?
EBD Il est important que les plus jeunes sachent d’où ils viennent, qu’ils sachent qui étaient nos grands-parents afin de garder un lien avec leur mémoire. J’utilise les signes pour parler de nos racines, de notre identité. On voit rarement à Bamako des enfants autour d’une vieille personne qui raconte un conte par exemple. Il est important que les enfants sachent ce que nos parents ont vécu. Les images diffusées à la télévision, par exemple, sont des images qui viennent d’ailleurs. Elles ne parlent pas de nous et nous perdons du coup nos repères. Avec mon travail sur les Anciens, je souhaite revenir un peu en arrière avec les signes et les symboles qui parlent de nos valeurs pour que les jeunes d’aujourd’hui – que j’appelle « la nouvelle génération » – puissent aussi se rendre compte que nous avions des valeurs et que nous avons encore des valeurs. Comme dit l’adage : « Si tu sais d’où tu viens, tu peux savoir où tu vas aller ».

UN TEMOIN CONCRET DU TEMPS

EBD Au Mali, la photographie de portrait est une tradition forte dont les célèbres représentants sont Malick Sidibé et feu Seydou Keïta. Les gens aiment se faire photographier pour montrer leur accoutrement, pour afficher leur statut social. On va généralement se faire tirer le portrait les jours de fêtes, lorsque l’on a acheté un beau boubou, que l’on est bien coiffé. Les Rencontres africaines de la photographie de Bamako sont venues nous dire qu’il y a autre chose que la photographie de portrait. La photographie est un moyen de communication, un moyen de diffuser des messages, et surtout, un témoin concret du temps. Je le dis souvent, quand je fais une exposition : « Mieux vaut voir une fois, que d’entendre mille fois ». J’essaie souvent d’expliquer cela aux gens qui refusent de se faire photographier. Il y a toujours des vieux qui disent : « Non, non, non, moi je ne veux pas être photographié », mais je leur réponds : « Si tu meurs, ton petit-fils, comment va-t-il savoir que tu as existé ? En voyant ta photo, il pourra dire tout de suite : « Ah! Je ressemble à mon grand-père ». » C’est la valeur de témoignage de la photographie, elle constitue une mémoire. C’est ainsi que j’explique le sens de la photographie à ceux qui me disent : « Non, si tu me photographies, après ma mort, on va me regarder... » Je dis : « Non ! Ce qui compte, c’est que l’on sache à quoi tu as ressemblé et que tes petits-enfants puissent admirer les différences et les ressemblances, c’est ce qui leur donne des repères ».

COMMUNIQUER POUR PHOTOGRAPHIER

Q Quel rôle joue l’interview dans votre pratique de photographe ?
EBD Il faut instaurer une bonne entente si l’on veut faire de bonnes images, savoir communiquer. J’explique toujours ma démarche aux gens que je photographie. La photographie a le pouvoir de fixer le temps, mais elle est capable aussi de diffuser des messages. La dimension de message dans la photographie est la raison pour laquelle je commence toujours par expliquer mon travail aux personnes que je veux photographier. Au départ, je communiquais peu et j’ai senti que mes images passaient à côté de quelque chose. Sûrement parce qu’en ne communiquant pas, le photographe est obligé de s’éloigner, ce qui crée un petit manque à gagner. Par la communication, on instaure une relation, on peut donner une direction et offrir au sujet la possibilité de s’exprimer. C’est ce que je dis toujours aux photographes : « Il ne faut pas se négliger soi-même. C’est ta personnalité qui fait de toi le bon ou le mauvais photographe ». Par la communication, le photographe suscite des émotions, des moments importants, extraordinaires. Avec de la chance, on peut capter ces instants-là. Comme dirait l’autre, la bonne photographie, c’est une prédiction de Dieu.

LA PEINTURE ET LA CARICATURE

Q Avant de vous consacrer entièrement à la photographie, vous avez travaillé comme peintre, n’est-ce pas ?
EBD Oui, je suis peintre de formation. J’ai étudié à l’Ecole des beaux-arts de Bamako. J’ai commencé la photographie dans le cadre de ma pratique du portrait en tant que peintre : je photographiais mes clients avant de les dessiner et de les peindre. Petit à petit, je suis passé complètement à la photographie pour réaliser des portraits. Mon premier appareil professionnel était un « Zenit », une marque russe. J’avais aussi pour ma pratique d’amateur un petit Sony. Je n’ai pas complètement arrêté la peinture. Je fais de la calligraphie, je réalise des banderoles et des panneaux publicitaires, des enseignes illuminées. Aujourd’hui, c’est surtout à travers ma pratique de la caricature que je garde un lien avec la peinture. Je travaille comme caricaturiste pour des journaux. Le moment où je suis sorti de l’Ecole des beaux-arts a coïncidé avec la démocratisation du Mali. Des journaux ont été créés, les rédactions avaient besoin d’images pour illustrer leurs textes. J’ai commencé à travailler pour eux comme photographe et comme caricaturiste.

UNE ASSOCIATION POUR LA PHOTOGRAPHIE A BAMAKO

Q Pourriez-vous nous parler un peu de l’association de photographie que vous avez créée en 1994 à Bamako ? Quelle est sa fonction ? Qu’en est-il aujourd’hui ?
EBD J’ai créé une association qui a pour but essentiel d’amener la population malienne à savoir que la photographie, c’est autre chose que seulement les photos d’identité, les photos de fêtes et les photos de mariage. La photographie, c’est aussi un endroit où l’on peut exprimer ses émotions, ses désirs, et d’autres choses. L’association a été créée dès la première Rencontre de la photographie à Bamako en 1994. Elle s’appelle DJAW-MALI (« Djaw » signifie « les images ») et compte une vingtaine de membres. Au départ, nous étions seulement trois, mais par nos actions, par le fait que nous parlons de photographie, et grâce aux Rencontres aussi qui ont lieu tous les deux ans, les gens se sont intéressés petit à petit à l’association. Il s’agit d’un lieu où l’on échange, où l’on transmet la photographie comprise comme recherche artistique et comme activité créative, c’est-à-dire non-commerciale. C’est une sensibilisation à la photographie contemporaine. Voilà un peu comment l’association a pu prendre racine jusqu’à ce que l’on crée tout dernièrement, il y a trois ans, le « Digital Club » qui se consacre à l’apprentissage de la photographie numérique, car les appareils numériques sont maintenant arrivés au Mali. Toute personne ayant un appareil-photo numérique peut venir au Club, montrer ses images et discuter dans l’intention d’améliorer son travail. DJAW-MALI est devenu « Digital Club » dont l’ambition est de préparer l’avenir. Nous voudrions en faire une sorte d’agence de photographie, avec une activité de formation afin d’avoir une base solide. Tout le monde peut être membre de l’association, mais actuellement, j’ai formé un petit groupe de jeunes photographes que je suis en train de former, en leur montrant un peu comment on travaille sur Photoshop par exemple, comment on traite les images avec un ordinateur.
Q Pourriez-vous nous donner un exemple de sujet que vous travaillez dans ce Club ?
EBD Le choix des sujets est très ouvert, tout est possible. Dernièrement, nous avons travaillé sur « les mille visages de Bamako ». J’étais curieux de voir comment les photographes réagiraient au terme « visage », normalement destiné à une personne et appliqué ici à la ville de Bamako. Avec « les visages de Bamako », on peut toucher à tout : ça peut être le paysage, l’architecture, les personnes, la nuit à Bamako. Ensuite, nous avons travaillé sur les petits métiers, puis sur l’hivernage à Bamako. Aujourd’hui, il fait sec, on a l’impression qu’il y a trop de poussière, mais quand il pleut, il y a de grosses inondations. C’est un grave problème à Bamako. Le sujet m’intéressait à cause de cela, mais aussi, je voulais pousser les photographes en herbe à faire des images par temps de pluie. Selon les conditions, il faut protéger son appareil, trouver des solutions à des problèmes techniques, c’était aussi un exercice. Il faut apprendre et s’exercer à photographier dans toutes les circonstances.

PHOTOGRAPHE CHRETIEN

EBD Comme photographe, je procède en trois temps : la prise, la sélection, l’exposition. Je m’appelle Emmanuel – homonyme de Jésus pour les gens qui sont chrétiens – et je fais justement un peu comme Jésus avec la multiplication des pains lorsqu’il nourrit cinq mille hommes. Jésus a pris, il a béni puis il a distribué. Dans la photographie, on retrouve la même chose. Prendre la photographie, c’est prendre l’objet. Bénir, c’est un peu, on va dire, le développement et la sélection, qu’il s’agisse d’argentique ou de numérique. Puis la distribution, c’est l’exposition. Une image photographique peut atteindre au moins mille, deux mille personnes. Il suffit qu’une photographie existe et les gens passent pour la regarder. Chacun y trouve son compte. Dans la parabole chrétienne, Jésus a nourri par miracle cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons. Une exposition se compose de quelques images qui par la réception se voient multipliées. A chaque fois que je fais une exposition, je pense ainsi à Jésus.

PHOTOGRAPHIE DE PRESSE

EBD En tant que photographe, je collabore avec des journaux internationaux comme Jeune Afrique, Afrique Magazine, Planète Jeunes, et de temps en temps aussi, avec d’autres journaux français comme le Figaro, une fois le Monde et Télérama. Mais ici à Bamako, je collabore avec presque tous les journaux, parce que je suis collègue avec presque tous les journalistes. Ce sont majoritairement des commandes, de la photographie de presse, prise sur le vif. C’est un rythme rapide. Quelqu’un a besoin du portrait de quelqu’un ou d’un reportage sur tel événement. J’essaie quand même toujours d’intégrer ma pratique artistique à ma pratique journalistique : trouver le meilleur profil, la bonne lumière, il faut aussi que l’image puisse plaire au lecteur.

LE TITRE, C’EST L’HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE

Q Comment concevez-vous la relation entre texte et photographie, notamment à travers votre choix des titres ?
EBD Cela dépend souvent de la présentation même de la photographie, de la manière dont je vois mon image. C’est ainsi que je trouve le texte, les mots, ou bien le titre qu’il faut. Par exemple, j’ai fait un petit reportage sur l’excision, une pratique que je condamne et que j’ai pu observer de près car j’ai une tante qui le fait souvent. Je n’ai pas voulu faire des photos choquantes, car le sexe, c’est tabou dans notre société. J’ai voulu faire des images sobres à même d’expliquer ce qu’est l’excision et comment cela se passe. Concernant une photographie particulière, ce qui m’a intrigué, c’est la larme de la petite fille. Une larme a coulé, mais elle n’a pas crié et sa mère était fière que sa fille, qu’on venait d’exciser, ne crie pas. J’ai intitulé cette photographie-là – je vais vous la montrer – « Larmes de joie », alors que cette petite fille avait mal. Au moment de la prise, mais aussi de la sélection ensuite, beaucoup de choses se passent à travers la perception et l’interprétation. Le titre, c’est l’histoire de la photographie.

LA TRANSMISSION DU SAVOIR

EBD Je développe actuellement un projet autour de la figure du forgeron qui s’intéresse tout particulièrement à la question de la durabilité : à la fois celle de l’enseignement des forgerons de père en fils et celle du matériau du fer. En Afrique, et surtout ici au Mali, le forgeron est très respecté, parce que la légende dit qu’il est le premier homme. Il a le secret du feu et du fer. Afin de rendre visible cette durabilité, je suis allé à la rencontre des forgerons pour passer du temps avec eux. Je compte faire aussi peut-être quelques mises en scène avec eux et tenter de leur expliquer mon idée par rapport à la transmission du savoir forgeron de père en fils.

Interview réalisée à Bamako, Hamdallaye, Association Djaw Mali 15. 02. 2011
Par Bärbel Küster, Marleine Chedraoui, Judith Rottenburg, Janine Schöne, Tanja Schüz

LE GARDIEN DU COUTEAU

Q Quelle est l’histoire du gardien du couteau ?
EBD Au Mali, dans un village Malinké comme Mienka – mais aussi Fatmata, Dafi, ou chez moi GamBambara – il y a toujours un gardien du couteau qui sert au sacrifice. Celui qui détient le droit du couteau est l’homme le plus avisé, le plus au fait de la société secrète du village. Au Mali, les villages sont organisés en sociétés secrètes de telle sorte qu’il y a des cercles d’âge. On atteint le dernier cercle du moment que l’on devient un homme complet, c’est-à-dire marié. En général, c’est autour de 25 ans pour les hommes, et pour les femmes, la question ne se pose pas, car elles ne font pas partie de cette société-là. La tradition veut qu’il y ait un gardien des couteaux qui puisse intervenir et faire le maître de cérémonie, le prêtre ou le sacrificateur, à chaque fois que l’on a besoin de faire un sacrifice, de faire appel aux puissances maléfiques, en tout cas aux puissances protectrices de la cité.
Q Est-ce le couteau qui fait du forgeron l’homme le plus redouté du village ?
EBD Oui! Un couteau sert à faire mal, à couper, à percer. Mais c’est aussi un outil pour se protéger contre les agressions. Ce sont tous ces rôles qu’incarne le couteau : protection, service, sacrifice. Le couteau n’est pas seulement l’outil du sacrifice, il symbolise les techniques ancestrales auxquelles le gardien du couteau fera appel. Lorsqu’il y a une bête à égorger, ou un poulet à tuer, le gardien utilise différents couteaux et prononce les incantations. L’usage du couteau est toujours accompagné de paroles qui pour la plupart demandent pardon, réclament l’indulgence des ancêtres et des esprits afin que le sacrifice soit accepté.
Q Et quel est ce couteau ? Est-il ancien ou bien nouvellement forgé ?
EBD Il s’agit en principe du plus vieux couteau du village. Toujours fabriqué par un forgeron, à la main, parce que l’on ne peut pas utiliser de couteaux industriels pour un sacrifice. Même si certains utilisent des couteaux plus récents, la base du rituel doit être un couteau qui est là dans le village depuis des années, qui a peut-être même servi à réaliser le tout premier sacrifice du village, et ce couteau-là, on le transmet de père en fils, ou de gourou en gourou. Comme je l’ai dit, le rituel dépend toujours de celui qui maitrise le mieux les règles du déroulement du sacrifice.

LE FORGERON

EBD J’ai réalisé un travail sur le forgeron, que je vais continuer, parce que c’est un sujet vraiment vaste. En tout cas dans mon village, chez les Dafings, les Bambaras, les Malinkés, le forgeron est considéré comme l’homme sur terre le plus redouté, parce qu’il a la maîtrise du feu, la maîtrise du fer et sait fabriquer des instruments de guerre. Mais il sait fabriquer aussi des instruments de culture, des instruments de protection, de cuisine, et cetera, et il devient du coup l’homme le plus important. Il est le seul qui ait le droit de toucher au plus vieux couteau du village sans avoir la permission de qui que ce soit. Les gardiens des couteaux sont en général les forgerons, ou toujours du moins les personnalités les plus initiées du village.
Q Comment êtes-vous partis à la rencontre des forgerons dans les villages pour réaliser votre série ?
EBD J’ai dû commencer par trouver des intermédiaires qui puisse m’introduire. Mais comme je suis du village, cela n’a pas été bien difficile : « Bon, tu es d’ici, donc on peut être sûrs que tu ne manqueras pas de respect à nos traditions, voilà, fais comme chez toi ». C’est ainsi que j’ai pu approcher les forgerons. J’ai pratiqué la forge, ce qui m’a valu d’être appelé forgeron à mon tour. J’ai des cousins forgerons qui m’ont permis d’entrer dans le secret, on va dire comme ça, parce que c’est un secret qu’on ne dit pas à tout le monde, seulement certains sont les gardiens de la tradition.
Q Et comment ce couteau devient-il un objet sacré ?
EBD Le couteau est sanctifié par des pratiques. C’est en l’utilisant, en lui mettant des pommades sacrées et différentes coctions qu’il devient sacré. A chaque fois que j’approche les forgerons, ils sont tellement gentils qu’ils m’offrent un couteau, parce que je leur dis que je préfère leurs couteaux faits à la main que les couteaux industriels que je trouve en ville. Le fer dans lequel sont fabriqués leurs couteaux est excellent. Les forgerons disent tous qu’il faut que le fer soit brut, qu’ils proviennent comme directement de la terre afin d’entrer plus facilement en communication avec les ancêtres qui vivent sous terre selon les Anciens.
Q La terre du village ?
EBD Oui ! C’est un fer trouvé un trou dans la terre pas loin du village.
Q Comme on peut le voir dans votre série, les forgerons forment une famille.
EBD Oui, la grande famille des forgerons. Celle qui, de père en fils, se passe les mots, les secrets, le savoir. La femme du forgeron est potière. Elle maîtrise la terre, l’argile qu’elle transforme en marmite, en assiette et d’autres ustensiles de cuisine. Elle est respectée car tout le monde doit venir chez elle pour trouver de quoi faire le plat. Son mari le forgeron maîtrise généralement le maniement des armes, puisqu’il les fabrique. Un forgeron est souvent aussi un grand chasseur, un cultivateur. Un forgeron est aussi un artiste, c’est lui qui fabrique les masques. Une aptitude qui vient renforcer encore son habilitation à jouer le rôle du gardien de la tradition. A force de battre le fer, il devient très fort. Dans tous les domaines. Les forgerons sont généralement la vitrine de la puissance, de la virilité du village.

Interview réalisée à Stuttgart-Leinfelden, 04. 02. 2014
Par Bärbel Küster

La jeunesse et le passé

Interview avec Emmanuel Bakary Daou à Bamako, 2011

Emmanuel Bakary Daou

photographe

vit et travaille à Bamako,
Mali

*1960

biographie